Des échantillons de selles de porteurs sains pour lutter contre le cancer
(Image créée par IA - crédit photo : F. Ballay)
Des progrès importants ont été réalisés dans le traitement du cancer au cours des dernières décennies. Les tumeurs malignes peuvent être détectées plus tôt et traitées avec succès grâce à des thérapies efficaces. Cependant le traitement est souvent lourd : les interventions chirurgicales, la chimiothérapie et la radiothérapie imposent une charge conséquente au corps humain. Aujourd’hui, de nouvelles thérapies moins invasives sont explorées, notamment l’utilisation de bactéries intestinales.
Les intestins contiennent des millions de bactéries bénéfiques qui assurent non seulement notre digestion mais également le bon fonctionnement du système immunitaire. La structure de la flore intestinale est unique pour chaque personne, semblable à une empreinte digitale. Alors que certaines personnes possèdent un nombre particulièrement important de « bonnes » bactéries, d’autres n’en disposent qu’en petit nombre.
Et les médicaments tuent non seulement les « mauvaises » bactéries, mais malheureusement aussi celles qui nous sont utiles. Cela peut entraîner un déséquilibre de la flore intestinale, ce qui limite le bon fonctionnement de notre système immunitaire. Pour lutter efficacement contre les maladies, un intestin sain est une condition importante.
Des scientifiques ont ainsi découvert que certaines souches de bactéries présentes dans les intestins étaient utiles dans la lutte contre le cancer. Des chercheurs de l’Université de Chicago ont par exemple mené une étude sur des souris atteintes d’un cancer de la peau : les animaux qui ont bien répondu au traitement contre le cancer avaient tous une souche particulière de bactérie dans leurs intestins. Cette bactérie n’a pas été trouvée dans les intestins des souris chez lesquelles la méthode thérapeutique s’est révélée moins efficace. Lorsque les chercheurs ont transplanté les bactéries correspondantes chez des rongeurs difficiles à traiter, leur santé s'est considérablement améliorée et le cancer a pu être combattu avec succès.
Les scientifiques ont conclu que la transplantation de bactéries intestinales utiles pourrait également être efficace dans le traitement du cancer chez l’homme.
Les résultats des différentes études ont depuis conduit à la création d’un domaine de recherche distinct, appelé immuno-oncomicrobiologie. Il s’agit d’examiner dans quelle mesure certaines souches bactériennes combattent les cellules cancéreuses nocives. De tels traitements pourraient augmenter le taux de réussite des thérapies précédentes et éventuellement les remplacer partiellement à long terme.
Les scientifiques espèrent une utilisation à grande échelle d'ici une décennie.