Félicien Brut, l’accordéon jusqu’au sommet de l’Olympe

                                                                                                      © site Félicien Brut

Félicien Brut, accordéoniste reconnu, a été le premier artiste à participer à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024. Si cet événement a marqué un tournant dans sa carrière, il n'a pas été sans défis. Entre préparation intense, pression et appréhension, l’artiste revient sur son parcours : ses choix et les difficultés rencontrées pour se faire une place dans un monde où l’accordéon n’a pas toujours eu la reconnaissance qu’il mérite.

Né en Auvergne, région où l’accordéon a une place importante, Félicien n’avait pas de prédisposition particulière pour cet instrument. C’est un cadeau de ses parents dans sa jeunesse qui l’a lancé sur cette voie : “j'ai eu un petit accordéon en plastique plus jeune. Je suis tombé dingue de ce jouet-là, je passais des heures dessus. Et quand j’ai eu 6 ans, j'ai vraiment commencé les cours”. 
Aujourd’hui, Félicien explique être animé par une passion pour l’accordéon, et ce même s’il est très contraignant au quotidien : "je pense que si tu n'es pas passionné, tu ne tiens pas le coup. Il y a un côté un peu kamikaze à monter sur scène. On a très peur, c'est angoissant, etc. Je me dis que si tu n'as pas vraiment le feu sacré pour ça... Quelqu'un de normalement constitué ne le ferait pas, il faut presque être un peu fou”. Cette passion est au fur et à mesure devenue son métier. Métier qu’il reconnaît être parfois éreintant : “c'est un vrai travail, et il faut quand même y passer beaucoup de temps, même les jours où on n'a pas envie. Je suis un musicien professionnel, et comme un sportif de haut niveau, je dois m’entrainer durement et très régulièrement. 

Le défi des Jeux Olympiques 

La participation de Félicien Brut à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris en 2024 fut une récompense pour son travail. Mais c’était également un défi personnel et professionnel. L'accordéon, instrument souvent relégué à la musique populaire ou traditionnelle, a été intégré à un spectacle à la dimension mondiale, où chaque détail a dû être parfaitement maîtrisé.

"Je savais que cela allait être un moment important, et je m’y suis préparé du mieux que je pouvais", explique-t-il. La préparation pour un tel événement n’a pas été de tout repos : longues répétitions, ajustements techniques, stress croissant avant la cérémonie… Tout cela dans un cadre grandiose où la moindre erreur pourrait être amplifiée.
"Ce n’était pas simplement une performance de plus. Il y avait un enjeu de visibilité, de légitimité pour l’accordéon. C’était une pression supplémentaire, surtout quand on est un instrument qui, sur scène, se fait souvent oublier au profit de formations plus classiques", reconnaît Félicien.

Pourtant, malgré cette pression, le musicien a pu jouer "La Foule" d’Édith Piaf. Un morceau qui, selon lui, représente à la fois la richesse émotionnelle de la musique populaire française et la portée universelle de l'accordéon. "C’était un choix symbolique. En tant qu’artiste, il est essentiel d’embrasser la diversité de la musique. L’accordéon peut être un vecteur de communication très puissant. Mais il faut savoir choisir les moments où il peut vraiment s'exprimer", confie-t-il.

L’aspect psychologique n’a pas non plus été facile à gérer. "Avant de commencer ma scène, je me sentais nerveux, bien sûr. La peur de l’échec fait partie du processus, mais il faut apprendre à l’accepter et à la canaliser. Ce n’était pas un concert comme les autres. L’enjeu était bien plus grand”, dit-il.
Mais Félicien a su faire face à ce défi. Une fois perché sur le pont d’Austerlitz, seul, l’artiste a trouvé une forme de sérénité, concentré sur sa musique : "L’important, c’est que la musique parle au public. Ce n’est pas la perfection technique qui compte, mais l’émotion qu’on arrive à transmettre.” Malgré ce qu’on pourrait penser, Félicien était quasiment seul sur ce pont lors de la cérémonie : “j'avais la sensation d'être complètement seul au monde. Contrairement à une émission TV où il y a des caméras partout et du public, là il n'y avait rien. C'est à dire que j'étais vraiment seul sur ce pont, avec le cordiste qui me tenait et l'artificier qui a lancé le feu. Le premier public à me voir se tenait assez loin, au niveau de l’île Saint-Louis”. 

Un instrument pas comme les autres

Et lorsque l’on demande à Félicien si l’accordéon est un instrument reconnu, sa réponse est claire : “Aujourd'hui oui je le pense, et c’est grâce à de nombreux artistes qui ont fait un travail fabuleux depuis des décennies”. Il revient tout de même sur un manque notable avec son instrument : “On a toujours quelques handicaps, si j'ose dire, qui sont liés à l'histoire de l'instrument. Par exemple, le manque de répertoire, c'est-à-dire que Mozart, Beethoven ou Bach n'ont pas écrit pour accordéon. On doit alors transcrire nous même leur musique. On n'a pas encore le concerto pour accordéon que tout le monde veut aller écouter…”. Mais ce n’est pas pour autant qu’il ne faut pas se battre pour cet instrument, d’après le musicien : “il a un côté rassurant, y compris pour des gens qui pensent qu'ils n’apprécient pas. Il y a des instruments qui sont à l'orchestre depuis très longtemps, le hautbois ou le basson par exemple. Et si tu arrêtes quelqu'un dans la rue en lui demandant s’ils connait l’objet, il y a très peu de chances qu’il te réponde oui. Je pense que tout le monde, y compris dans une rame de métro, en a entendu un jour. Sans oublier que son esthétique est particulière”. 

Toujours avec de nouveaux objectifs en tête, Félicien enregistre un nouveau disque dans quelques semaines. Un défi novateur pour lui puisqu’il le fera seul. En parallèle, il produit un nouveau concerto pour accordéon et orchestre à corde et se produira au mois de mai 2025 à la Philarmonie de Paris. 
Retrouvez toutes les informations liées à l’artiste sur son site : https://www.felicienbrut.com

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