Le succès de l’auto-entreprise en France, interview de François Hurel (UAE)
Le régime d’auto-entreprise, qui existe depuis 2009, était pour l’époque une avancée significative dans le secteur du travail en France. Aujourd’hui, il fait office de révolution dans le marché de l’emploi puisque environ 1 million d’entreprises sont créées par an, dont une très grande partie sont des auto-entreprises.
L’auto-entreprise, qui était au départ un petit mouvement, a explosé pour devenir en quelques années l’un des régimes les plus appréciés en France. Il s’agit d’un moyen pour les français de se détacher d’un modèle dit “ancien”. François Hurel est Président de l'Union des Auto-Entrepreneurs. Il est également de ceux qui ont initié ce statut en France suite à un rapport pour une meilleure reconnaissance du travail indépendant. D’après lui, ce boom s’est fait en plusieurs étapes, la dernière étant lors de la pandémie de COVID : “cette épidémie a changé un état d’esprit. Il a remis en cause le lien de subordination, et ce de manière profonde. Les Français se sont rendu compte qu’ils pouvaient travailler individuellement et parfois de chez eux, le tout en associant leur vie personnelle”.
Comme aux États-Unis, un “big quit” (grande démission) est survenu en France, laissant ainsi des emplois vaquant, et créant à contrario des milliers d’entreprises et auto-entreprises. Bien qu’arrivé dans une moindre mesure, ce mouvement démontre quelque chose de positif, selon le président de l’Union des Auto-Entrepreneurs : “Il s’agit là d’un nouveau regard sur la façon des Français à travailler. Et j’insisterai sur le fait qu’il s’agit là d’un regard optimiste de ceux qui ont décidé de créer leur entreprise ces dernières années, et qui ont l’espoir de valoriser leur talent. Je trouve ça extrêmement positif puisque n’importe qui, n’importe quelle catégorie d’âge se lance dans l’entreprenariat”. Il loue également l’envie des français à travailler et à entreprendre : “Les Français ont envie de travailler et ont le goût de l’indépendance. Ils ont le sentiment, justifié, d’avoir un talent. Et ce régime d’auto-entreprise est une réponse à toutes ces raisons”.
Ce régime d’auto-entreprise est autant apprécié des Français car il peut être exercé de toutes les façons : de manière exclusive ou alors à temps partiel. Et il s’agit, d’après François Hurel, d’un statut qui est envié par-delà les frontières : “il n’y a pas de régime dans le monde qui soit plus envié que celui de l’auto-entreprise à la Française”.
Seule petite ombre au tableau de l’auto-entreprise, les charges sociales qui continuent d’augmenter. Récemment, les entrepreneurs ont reçu un message concernant ces augmentations : le taux de cotisation augmentera progressivement pour passer de 21,1 % à l’heure actuelle, à 23,1 % au 1er juillet, puis à 24,6 % en 2025 et 26,1 % à partir du 1er juillet 2026. “Une honte” pour François Hurel, qui malgré tout ne pense pas qu’il y aura une baisse des auto-entrepreneurs dans le pays : “Par contre, soyons honnêtes, il pourrait y avoir une hausse de non-déclarés”.